Page:Leblanc - La demoiselle aux yeux verts, paru dans Le Journal, du 8 déc 1926 au 18 jan 1927.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

J’ai mes preuves. À l’heure fixée par le ralentissement prévu du train, les bandits qui se trouvaient dans la voiture suivante (je me rappelle les avoir entraperçus de loin et je les croyais même au nombre de trois) vous attaquent, vous dépouillent, attaquent votre voisine, cherchent à la ficeler… et puis brusquement, lâchent tout et s’en vont plus loin, jusqu’au compartiment du bout.

» Pourquoi cette volte-face ?… Pourquoi ? Parce qu’ils se sont trompés, parce que la jeune femme était dissimulée sous une couverture, parce qu’ils croient se ruer contre deux hommes et qu’ils aperçoivent une femme. D’où leur effarement. « Crénom, en voilà une garce ! » et d’où leur éloignement précipité. Ils explorent le couloir et découvrent les deux hommes qu’ils recherchaient… les deux qui sont là. Or, ces deux-là se défendent. Ils les tuent à coups de revolver et les dépouillent au point de ne rien leur laisser. Valises, paquets, tout est parti, jusqu’aux casquettes… Premier point nettement établi, n’est-ce pas ? »

Raoul était surpris, non pas de l’hypothèse, car lui-même l’avait admise dès le début, mais que Marescal eût pu l’apercevoir avec cette acuité et cette logique.

— Second point… reprit le policier, que l’admiration de son interlocuteur exaltait.

Il tendit à Raoul une petite boîte d’argent finement ciselée.

— J’ai ramassé cela derrière la banquette.

— Une tabatière ?