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Page:Leblanc - La demoiselle aux yeux verts, paru dans Le Journal, du 8 déc 1926 au 18 jan 1927.djvu/63

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gré toutes les considérations possibles, rien ne m’empêchera jamais de faire mon devoir.

Il prononça ces mots comme un homme qui recherche évidemment la récompense de son mérite, mais dont la conscience professionnelle domine toutes les pensées.

— Bien dit, monsieur le commissaire, approuva Raoul, tout en estimant que Marescal semblait confondre son devoir avec beaucoup d’autres choses où il entrait surtout de la rancune et de l’ambition.

Marescal consulta sa montre, puis, voyant qu’il avait tout loisir pour se reposer avant la venue du Parquet, il se renversa à demi, et griffonna quelques notes sur un petit calepin, qui ne tarda pas du reste à tomber sur ses genoux. M. le commissaire cédait au sommeil.

En face de lui, Raoul le contempla durant plusieurs minutes. Depuis leur rencontre dans le train, sa mémoire lui présentait peu à peu des souvenirs plus précis sur Marescal. Il évoquait une figure de policier assez intrigant, ou plutôt d’amateur riche, qui faisait de la police par goût et par plaisir, mais aussi pour servir ses intérêts et ses passions. Un homme à bonnes fortunes, cela, Raoul s’en souvenait bien, un coureur de femmes, pas toujours scrupuleux, et que les femmes aidaient, à l’occasion, dans sa carrière un peu trop rapide. Ne disait-on pas qu’il avait ses entrées au domicile même de son ministre, et que l’épouse de celui-ci n’était pas étrangère à certaines faveurs imméritées ?…