Page:Leblanc - La frontière, paru dans l'Excelsior, 1910-1911.djvu/162

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Et, tout de suite, Victor téléphonait à l’Éclaireur des Vosges, soi-disant de la part de M. Morestal, et le domestique remontait en hâte :

— Monsieur Philippe, Strasbourg est en insurrection… tous les paysans des environs ont pris les armes.

Et Philippe songeait qu’il n’y avait point d’espérance, que les gouvernements seraient débordés. Et il songeait à cela presque calmement. Son rôle était fini. Plus rien ne l’intéressait que sa douleur à lui, que la santé de son père, que la peine de Marthe et de Suzanne, premières victimes de l’exécrable fléau.

À cinq heures, il apprit qu’un des pays avait lancé à l’autre un ultimatum. Lequel des deux pays ? et que signifiait cet ultimatum ? Il ne put le savoir.

À neuf heures, les dépêches annonçaient que le nouveau cabinet, choisi en majorité parmi les membres de l’opposition, avait proposé à la Chambre la création immédiate d’un « Comité de Salut national, chargé, en cas de guerre, de prendre toutes les mesures nécessaires à la défense de la patrie ». D’urgence, la Chambre avait voté