Page:Leblanc - La frontière, paru dans l'Excelsior, 1910-1911.djvu/42

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— Rien de plus facile, dit Morestal, en prenant un crayon et une feuille de papier à lettre… Tiens, ici, voilà les bois d’Albern. Ici, le col du Diable… Ici la Butte-aux-Loups… Eh bien, on n’a qu’à sortir des bois par la Fontaine-Froide et à prendre le premier sentier à droite, contre la roche de…

Il s’interrompit soudain, observa Dourlowski d’un air soupçonneux, et lui dit :

— Mais tu le connais, ce chemin-là… il n’y a pas de doute… alors…

— Ma foi, dit Dourlowski… je vais toujours par le col du Diable et par l’usine.

Morestal réfléchit, traça distraitement quelques lignes et quelques mots, puis d’un geste de résolution subite, il saisit la feuille, la froissa, en fit une boule et la jeta dans une corbeille à papier.

— Non, non, décidément non, s’écria-t-il, assez de bêtises ! On réussit quatre fois, et la cinquième… D’ailleurs, c’est une besogne qui ne me plaît guère. Un soldat, c’est un soldat… et quel que soit son uniforme…

— Cependant… marmotta Dourlowski.

— Je refuse. Sans compter qu’on se méfie de moi par là-bas. Le commissaire allemand me regarde d’un drôle d’œil, quand on se rencontre, et je ne veux pas risquer…

— Vous ne risquez rien.

— Fiche-moi la paix et va-t-en au plus