Page:Leblanc - La frontière, paru dans l'Excelsior, 1910-1911.djvu/72

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La jeune fille éprouva une certaine aigreur, et elle ne put s’empêcher de lui dire :

— Est-ce qu’il t’aime autant que tu l’aimes ?

— Dame, je crois. Moi aussi, je le mérite.

— Et tu as confiance en lui ?

— Oh ! pleine confiance. Philippe est l’être le plus droit que je connaisse.

— Cependant…

— Cependant ?

— Rien.

— Mais si, parle… Ah ! tu peux m’interroger sans crainte.

— Eh bien, je pensais à ceci… Suppose que Philippe aime une autre femme…

Marthe éclata de rire :

— Si tu savais comme Philippe attache peu d’importance à toutes ces questions d’amour !

— Admets, pourtant…

— Soit, j’admets, dit-elle, affectant d’être sérieuse. Philippe aime une autre femme. Il est fou de passion. Et alors ?

— Alors, qu’est-ce que tu ferais ?

— Ma foi… tu me prends au dépourvu.

— Tu ne divorcerais pas ?

— Et mes enfants ?

— Mais, s’il voulait divorcer, lui ?

— Bon voyage, M. Philippe.

Suzanne réfléchit, sans quitter Marthe