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ténèbres, il faut avant tout que je sache à quoi m’en tenir là-dessus. Il est certain que, pour des raisons secrètes, ce mystérieux morceau de verre possède à leurs yeux une valeur immense… Et non pas seulement à leurs yeux, puisque, cette nuit, quelqu’un a eu l’audace et l’habileté de s’introduire dans mon appartement pour dérober l’objet en question. »

Ce vol, dont il était victime, intriguait singulièrement Lupin.

Deux problèmes, également insolubles, se posaient à son esprit. D’abord, quel était le mystérieux visiteur ? Gilbert seul, qui avait toute sa confiance et lui servait de secrétaire particulier, connaissait la retraite de la rue Matignon. Or Gilbert était en prison. Fallait-il supposer que Gilbert, le trahissant, avait envoyé la police à ses trousses ? En ce cas, comment, au lieu de l’arrêter, lui, Lupin, se fût-on contenté de prendre le bouchon de cristal ?

Mais il y avait quelque chose de beaucoup plus étrange. En admettant que l’on eût pu forcer les portes de son appartement — et cela, il devait bien l’admettre, quoique nul indice ne le prouvât — de quelle façon avait-on réussi à pénétrer dans la chambre ? Comme chaque soir, et selon une habitude dont il ne se départait jamais, il avait tourné la clef et mis le verrou. Pourtant — fait irrécusable — le bouchon de cristal disparaissait sans que la serrure et le verrou eussent été touchés. Et, bien que Lupin se flattât d’avoir l’oreille fine, même pendant son sommeil, aucun bruit ne l’avait réveillé !

Il chercha peu. Il connaissait trop ces sortes d’énigmes pour espérer que celle-ci pût s’éclaircir autrement que par la suite des événements. Mais déconcerté, fort inquiet, il ferma aussitôt son entresol de la rue Matignon en se jurant qu’il n’y remettrait pas les pieds.

Et tout de suite il s’occupa de correspondre avec Gilbert et Vaucheray.

De ce côté un nouveau mécompte l’attendait. La justice, bien qu’elle ne pût éta-