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Page:Leblanc - Le Bouchon de cristal, paru dans Le Journal, 25-09 au 09-11-1912.djvu/19

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blir sur des bases sérieuses la complicité de Lupin, avait décidé que l’affaire serait instruite non pas en Seine-et-Oise, mais à Paris, et rattachée à l’instruction générale ouverte contre Lupin. Aussi Gilbert et Vaucheray furent-ils enfermés à la prison de la Santé. Or, à la Santé comme au Palais de Justice, on comprenait si nettement qu’il fallait empêcher toute communication entre Lupin et les détenus qu’un ensemble de précautions minutieuses était prescrit par le Préfet de Police et minutieusement observé par les moindres subalternes. Jour et nuit, des agents éprouvés, toujours les mêmes, gardaient Gilbert et Vaucheray et ne les quittaient pas de vue.

Lupin qui, à cette époque, ne s’était pas encore promu — honneur de sa carrière — au poste de chef de la Sûreté[1], et qui, par conséquent, n’avait pu prendre au Palais de Justice les mesures nécessaires à l’exécution de ses plans, Lupin après quinze jours de tentatives infructueuses, dut s’incliner.

Il le fit la rage au cœur, et avec une inquiétude croissante.

— Le plus difficile dans une affaire, souvent ce n’est pas d’aboutir, c’est de débuter, dit-il.

En l’occurrence, par où débuter ? Quel chemin suivre ?

Il se retourna vers le député Daubrecq, premier possesseur du bouchon de cristal, et qui devait probablement en connaître l’importance. D’autre part, comment Gilbert était-il au courant des faits et des gestes du député Daubrecq ? Quels avaient été ses moyens de surveillance ? Qui l’avait renseigné sur l’endroit où Daubrecq passait la soirée de ce jour ? Autant de questions intéressantes à résoudre.

Tout de suite après le cambriolage de la villa Marie-Thérèse, Daubrecq avait pris ses quartiers d’hiver à Paris, et occupait son hôtel particulier, à gauche de ce petit square Lamartine, qui s’ouvre au bout de l’avenue Victor-Hugo.

  1. Voir 813.