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contenait-elle ? Quelles instructions donnait le malheureux prisonnier ? Quel secours implorait-il ? Quel stratagème proposait-il ?

Lupin examina la chambre, laquelle, contrairement au salon, contenait des papiers importants. Mais, aucune des serrures n’ayant été fracturée, il fallait bien admettre que la femme n’avait pas eu d’autre but que de prendre la lettre de Gilbert.

Se contraignant à demeurer calme, il reprit :

— La lettre est arrivée pendant que la femme était là ?

— En même temps. La concierge sonnait au même moment.

— Elle a pu voir l’enveloppe.

— Oui.

La conclusion se tirait donc d’elle-même. Restait à savoir comment la visiteuse avait pu effectuer ce vol. En se glissant, par l’extérieur, d’une fenêtre à l’autre ? Impossible : Lupin retrouva la fenêtre de sa chambre fermée. En ouvrant la porte de communication ? Impossible : Lupin la retrouva close, barricadée de ses deux verrous extérieurs.

Pourtant, on ne passe pas au travers d’un mur par une simple opération de la volonté. Pour entrer quelque part, et en sortir, il faut une issue et, comme l’acte avait été accompli en l’espace de quelques minutes, il fallait, en l’occurrence, que l’issue fût antérieure, qu’elle fût déjà pratiquée dans le mur, et connue évidemment de la femme. Cette hypothèse simplifiait les recherches en les concentrant sur la porte, car le mur, tout nu, sans placard, sans cheminée, sans tenture, ne pouvait dissimuler aucun passage.

Lupin regagna le salon et se mit en mesure d’étudier la porte. Mais tout de suite il tressaillit. Au premier coup d’œil, il constatait que, à gauche, en bas, un des six petits panneaux placés entre les barres transversales du battant n’occupait pas sa position normale, et que la lumière ne le frappait pas d’aplomb. S’étant penché, il aper-