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apporter à la besogne sa belle humeur et son entrain ordinaires.

— Allons-y ! dit-il à ses complices.

Sur son ordre, le chauffeur les arrêta non loin du square Lamartine, mais n’éteignit pas le moteur. Lupin prévoyait que Daubrecq, pour échapper aux agents de la Sûreté qui gardaient l’hôtel, sauterait dans quelque taxi, et il ne voulait pas se laisser distancer.

Il comptait sans l’habileté de Daubrecq.

À sept heures et demie, la grille du jardin fut ouverte à deux battants, une lueur vive jaillit, et rapidement une motocyclette franchit le trottoir, longea le square, tourna devant l’auto et fila vers le Bois à une allure telle qu’il eût été absurde de se mettre à sa poursuite.

— Bon voyage, monsieur Dumollet, dit Lupin, qui essaya de plaisanter, mais qui, au fond, ne dérageait pas.

Il observa ses complices avec l’espoir que l’un d’eux se permettrait un sourire moqueur. Comme il eût été heureux de passer ses nerfs sur celui-là !

— Rentrons, dit-il au bout d’un instant.

Il leur offrit à dîner, puis il fuma un cigare, et ils repartirent en automobile et firent la tournée des théâtres, en commençant par ceux d’opérette et de vaudeville, pour lesquels il supposait que Daubrecq et sa dame devaient avoir quelque préférence. Il prenait un fauteuil, inspectait les baignoires et s’en allait.

Il passa ensuite aux théâtres plus sérieux, à la Renaissance, au Gymnase.

Enfin, à dix heures du soir, il aperçut au Vaudeville une baignoire presque entièrement masquée de ses deux paravents et, moyennant finances, il apprit de l’ouvreuse qu’il y avait là un monsieur d’un certain âge, gros et petit, et une dame voilée d’une dentelle épaisse.

La baignoire voisine étant libre, il la prit, retourna vers ses amis afin de leur donner les instructions nécessaires, et s’installa près du couple.

Durant l’entracte, à la lumière plus vive,