Aller au contenu

Page:Leblanc - Le Bouchon de cristal, paru dans Le Journal, 25-09 au 09-11-1912.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

il discerna le profil de Daubrecq. La dame restait dans le fond, invisible.

Tous deux parlaient à voix basse, et, lorsque le rideau se releva, ils continuèrent à parler, mais de telle façon que Lupin ne distinguait pas une parole.

Dix minutes s’écoulèrent. On frappa à leur porte. C’était un inspecteur du théâtre.

— Monsieur le député Daubrecq, n’est-ce pas ? interrogea-t-il.

— Oui, fit Daubrecq d’une voix étonnée. Mais comment savez-vous mon nom ?

— Par une personne qui vous demande au téléphone et qui m’a dit de m’adresser à la baignoire 22.

— Mais qui cela ?

— Monsieur le marquis d’Albufex.

— Hein ?… Quoi ?

— Que dois-je répondre ?

— Je viens… je viens…

Daubrecq s’était levé précipitamment et suivait l’inspecteur.

Il n’avait pas disparu que Lupin surgissait de sa baignoire. Il crocheta la porte voisine et s’assit auprès de la dame.

Elle étouffa un cri.

— Taisez-vous, ordonna-t-il… j’ai à vous parler, c’est de toute importance.

— Ah !… fit-elle entre ses dents… Arsène Lupin.

Il fut ahuri. Un instant, il demeura coi, la bouche béante. Cette femme le connaissait ! et non seulement elle le connaissait, mais elle l’avait reconnu malgré son déguisement ! Si accoutumé qu’il fût aux événements les plus extraordinaires et les plus insolites, celui-ci le déconcertait.

Il ne songea même pas à protester et balbutia :

— Vous savez donc ?… vous savez ?…

Brusquement, avant qu’elle eût le temps de se défendre, il écarta le voile de la dame.

— Comment ! est-ce possible ? murmura-t-il, avec une stupeur croissante.