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Page:Leblanc - Le Bouchon de cristal, paru dans Le Journal, 25-09 au 09-11-1912.djvu/55

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« Affaire de la villa Marie-Thérèse. On a fini par découvrir la véritable identité de Vaucheray, un des assassins présumés du domestique Léonard. C’est un bandit de la pire espèce, un récidiviste, et deux fois, sous un autre nom, condamné par contumace pour assassinat.

» Nul doute que l’on ne finisse par découvrir également le vrai nom de son complice Gilbert. Dans tous les cas le juge d’instruction est résolu à renvoyer l’affaire le plus vite possible devant la chambre des mises en accusation.

» On ne se plaindra pas des lenteurs de la justice. »

Au milieu d’autres journaux et de prospectus, il y avait une lettre.

Lupin, en l’apercevant, bondit. Elle était adressée à M. de Beaumont (Michel).

— Ah ! balbutia-t-il, une lettre de Gilbert.

Elle contenait ces quelques mots :

« Patron, au secours ! j’ai peur… j’ai peur… »

Cette nuit-là encore fut pour Lupin une nuit d’insomnie et de cauchemars. Cette nuit-là encore, d’abominables, de terrifiantes visions le torturèrent.


IV. — Le chef des ennemis


— Pauvre gosse, murmura Lupin en relisant le lendemain la lettre de Gilbert. Comme il doit souffrir ?

Du premier jour où il l’avait rencontré, il avait pris de l’affection pour ce grand jeune homme insouciant et joyeux de vivre. Gilbert lui était dévoué jusqu’à se tuer sur un signe du maître. Et Lupin aimait aussi sa franchise, sa belle humeur, sa naïveté, sa figure heureuse.

— Gilbert, lui disait-il souvent, tu es un honnête homme. À ta place, vois-tu, je lâcherais le métier, et je me ferais, pour de bon, honnête homme.

— Après vous patron, répondit Gilbert en riant.

— Tu ne veux pas ?