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Page:Leblanc - Le Bouchon de cristal, paru dans Le Journal, 25-09 au 09-11-1912.djvu/54

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faire, et jusqu’à ce que j’aie maté ce gorille-là…

Ce ne fut pas long. Le député suffoquait. D’un coup sur la mâchoire, il l’étourdit. Il ne restait plus à Lupin qu’à entraîner la femme et à s’enfuir avec elle avant que l’alarme ne fût donnée.

Mais, quand il se retourna, il s’aperçut que la femme était partie.

Elle ne pouvait être loin. Ayant sauté hors de la loge, il se mit à courir, sans se soucier des ouvreuses et des contrôleurs.

De fait, arrivé à la rotonde du rez-de-chaussée, il l’aperçut, par une porte ouverte, qui traversait le trottoir de la Chaussée d’Antin.

Elle montait en auto quand il la rejoignit.

La portière se referma sur elle.

Il saisit la poignée et voulut tirer.

Mais, de l’intérieur, un individu surgit, qui lui envoya son poing dans la figure, moins habilement, mais aussi violemment qu’il avait envoyé le sien dans la figure de Daubrecq.

Si étourdi qu’il fût par le choc, il eut tout de même le temps, dans une vision effarée, de reconnaître cet individu, et de reconnaître aussi, sous son déguisement de chauffeur, l’individu qui conduisait l’automobile.

C’étaient Grognard et Le Ballu, les deux hommes chargés des barques, le soir d’Enghien, deux amis de Gilbert et de Vaucheray, bref deux de ses complices à lui, Lupin.

Quand il fut dans son logis de la rue Chateaubriand, Lupin, après avoir lavé son visage ensanglanté, resta plus d’une heure dans un fauteuil, comme assommé. Pour la première fois, il éprouvait la douleur d’être trahi. Pour la première fois, des camarades de combat se retournaient contre leur chef.

Machinalement, dans le but de se distraire, il prit son courrier du soir et déchira la bande d’un journal. Aux dernières nouvelles, il lut ces lignes :