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Page:Leblanc - Le Bouchon de cristal, paru dans Le Journal, 25-09 au 09-11-1912.djvu/8

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Il s’était baissé sur le domestique. La voix se tut, puis recommença.

— Éclaire-nous mieux, dit-il à Gilbert.

Il tremblait un peu, agité par une peur nerveuse qu’il ne pouvait dominer, car aucun doute n’était possible : Gilbert ayant enlevé l’abat-jour, il constata que la voix sortait du cadavre même, sans qu’un soubresaut en remuât la masse inerte, sans que la bouche sanglante eût un frémissement.

— Patron, j’ai la frousse, bégaya Gilbert.

Le même bruit encore, le même chuchotement nasillard.

Lupin éclata de rire, et rapidement il saisit le cadavre et le déplaça.

— Parfait ! dit-il en apercevant un objet de métal brillant. Parfait ! nous y sommes… Eh bien, vrai, j’y ai mis le temps !

C’était, à la place même qu’il avait découverte, le cornet récepteur d’un appareil téléphonique dont le fil remontait jusqu’au poste fixé dans le mur, à la hauteur habituelle.

Lupin appliqua ce récepteur contre son oreille. Presque aussitôt le bruit recommença, mais un bruit multiple, composé d’appels divers, d’interjections, de clameurs entre-croisées, le bruit que font plusieurs personnes qui s’interpellent.

« Êtes-vous là ?… Il ne répond plus… C’est horrible… On l’aura tué… Êtes-vous là ?… Qu’y a t-il ?… Du courage… Le secours est en marche… des agents… des soldats… »