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Page:Leblanc - Le Coffret de voyage, 1921.djvu/1

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Le Coffret de Voyage

Nouvelle inédite de

Maurice Leblanc


Tous les amis de Mme de Horven s’étaient réunis autour d’elle pour fêter les trente ans de cette gracieuse femme, aimée de tous, adorée de beaucoup, et qui savait répondre à l’affection et à l’amour par la même amitié douce et réconfortante.

Ce jour-là, de tous les coins de Stockholm, chacun apporta son offrande, fleurs, bibelots, boîtes de friandises, dentelles, et chacun recevait, en remerciement, un sourire et une parole qui étaient les mêmes et qui semblaient à chacun la meilleure récompense.

Mais un cadeau attira plus spécialement l’attention et rassembla tous les suffrages. Quand les papiers furent défaits et que l’objet apparut, Mme de Horven rougit de plaisir.

— Oh ! Karl Andermatt, dit-elle à un grand Allemand cuirassé dans sa redingote, la moustache en bataille, l’œil armé d’un monocle, vous m’avez gâtée.

Karl Andermatt, qui débutait à Stockholm comme représentant d’une maison de Hambourg, et qui cherchait des appuis dans la haute société, protesta :

— On doit faire l’impossible pour satisfaire Mme de Horven, et ceci est encore indigne d’elle.

C’était un coffret de voyage de la Restauration, en acajou, comme on en emportait alors au fond des vastes berlines, tout capitonné à l’intérieur de vieux