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Page:Leblanc - Le Coffret de voyage, 1921.djvu/5

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JE SAIS TOUT

— Beaucoup. Le château, ou plutôt les ruines de Fressibore m’appartiennent.

— Ah ! fit l’Allemand, déconcerté.

Autour d’eux le silence devenait lourd d’angoisse. La situation était de celles qui ont toujours frappé l’imagination. Au delà du mal accompli, les circonstances rapprochaient l’un de l’autre celui qui fit le mal et celui qui en souffrit. Que voulait Georges d’Estours maintenant ? Profiterait-il de l’occasion pour se venger de l’adversaire ?

Mme de Horven, tout près de lui, balbutia :

— Je vous en supplie…

Il l’apaisa d’un geste, Il était impressionnant de calme, et nul signe de colère ou de rancune ne lui échappait. Il avançait vers un but que personne n’apercevait, mais auquel il semblait certain d’atteindre.

— Fressibore est un domaine de famille, expliqua-t-il. Ma mère y est retournée après s’en être sauvée en 1914. Complètement ruinée, elle habite chez un de nos anciens fermiers qui a bien voulu la recueillir, et c’est par lui que nous avons pu reconstituer les scènes que je vous ai racontées, par lui que nous avons su l’enlèvement de nos meubles, de nos tapisseries, de nos pendules, et celui de ce coffret.

Andermatt s’emporta :

— Eh ! Monsieur, vous montrez une assurance ! Enfin, quoi, rien ne prouve que ce coffret vous appartenait !

— Si, Monsieur… les initiales gravées sur chaque objet. L.E.D… Louis d’Estours de Davrechamp. C’était le nom de mon arrière-grand-père. Et c’est le mien, comme l’atteste ma carte de visite.

Cette fois Mme de Horven se récria :

— Et vous croyez que je vais garder ce coffre ! Mais je considère que c’est votre propriété, cher ami.