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Page:Leblanc - Le Coffret de voyage, 1921.djvu/6

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LE COFFRET DE VOYAGE
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— Vous en ferez ce qu’il vous plaira, Madame ; mais qu’il vous soit donné par monsieur ou par moi, il est à vous.

— À vous, Madame ! s’exclama Karl Andermatt avec véhémence. Ce fut ma part de butin. J’y avais droit, et nul ne peut me contester un titre de possession qui vaut bien les autres.

Le Français fit un pas vers lui, et, avec beaucoup de courtoisie :

— C’est une façon de voir. Est-ce que vraiment, en votre âme et conscience, vous estimez que ce soit la bonne ?

— Évidemment, Monsieur, fit Andermatt qui s’excitait, cela ne se discute même pas.

— Cependant, si, dans ce coffre, vous aviez trouvé, au lieu d’ustensiles de voyage, des valeurs ?

— Tant pis… ou plutôt tant mieux, la guerre a ses lois. Ce n’est pas moi qui les ai faites.

Et il ajouta en riant, par peur d’avoir été un peu loin dans l’affirmation de ses théories :

— D’ailleurs, il n’y avait là… que ce que s’y trouve encore, et dont j’ai fait présent à Mme de Horven… des objets de voyage et de coquetterie.

— Peut-être avez-vous mal cherché, prononça d’Estours.

— Que voulez-vous dire ?

— Je veux dire que ce petit meuble est d’une ébénisterie très curieuse, plein de surprises, et que vos recherches n’ont peut-être pas été suffisantes.

Andermatt s’impatienta :

— Expliquez-vous, Monsieur.

Le Français sourit. On le sentait de plus en plus maître de lui et des événements. Pas de querelle. Pas de scandale. Un joli dénouement, commandé par les circonstances elles-mêmes.

— Mes petites histoires ont l’air de vous intéresser, Monsieur, dit-il. Celle-ci ne sera pas longue. Quelques mots seulement. En