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Page:Leblanc - Le Coffret de voyage, 1921.djvu/8

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LE COFFRET DE VOYAGE
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premiers objets, le referma, le mit à l’envers, pressa deux des encoignures de cuivre, et tout le plateau de dessous se déplaça dans son cadre, découvrant un autre plateau qui semblait glisser sur le premier, comme une planche sur une autre. Entre les deux, il y avait une feuille de papier.

D’Estours la déplia. C’était un titre de rente.

Il y eut dans le salon une clameur de contentement. Mme de Horven avait les larmes aux yeux. Karl Andermatt, congestionné, le front couvert de sueur, serrait les poings.

Très aimable, d’Estours lui montra la signature de sa mère, inscrite au crayon rouge, et il ajouta :

— Aucune erreur possible, n’est-ce pas, Monsieur ? et mes prévisions étaient justes. Oh ! ce n’est pas une bien grosse fortune, vingt-quatre mille francs de rente à 3 %, même pas cinq cent mille francs. Notons toutefois qu’au taux actuel du change, vous en auriez tiré plus de deux millions de marks.

Il se tourna vers Mme de Horven.

— Excusez-moi, chère Madame, mais les banques ne sont pas encore fermées et j’ai le temps de faire expédier ceci à ma mère. Ce sera pour elle une telle joie que je ne veux pas tarder…

Il baisa la main de la jeune femme, s’inclina devant les autres personnes, et sortit d’un pas allègre, en décochant à Karl Andermatt un salut où s’exprimait toute la part qu’un galant homme prend à la peine d’un de ses semblables.


Maurice Leblanc.