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XII

La colombe apprivoisée

Isabella poussa un léger cri, un cri de femme surprise, blessée dans sa pudeur. Cette femme qui, cent fois, s’était dénudée pour danser devant une foule dont les yeux avides détaillaient ses charmes, à présent qu’un seul homme se trouvait devant elle, était effarouchée comme une nymphe surprise au bain. Et de ses petites mains, elle tentait de cacher le plus intime d’elle-même.

— C’est vraiment gentil à vous de me recevoir sans plus de cérémonie, dit Patrice d’un ton calme de mondain en visite.

— J’attendais l’habilleuse, murmura Isabella.

— Je l’ai rencontrée, dit Patrice railleur. Elle ne viendra ici que lorsque je sonnerai.

Isabella haussa les épaules.

— Mon cher, je n’ai pas besoin de vous pour la sonner, et je n’ai pas besoin d’elle pour vous mettre à la porte.

— Tiens, dit Patrice, comme s’il s’apercevait d’une erreur commise par inadvertance, pardonnez-moi, chère madame, j’ai oublié de mettre le verrou.

À l’instant même, il réparait son erreur.

Isabella s’écria, vraiment ou faussement mécontente :

— Vous êtes insolent ! Je croyais les Français plus respectueux.

Patrice s’inclina en souriant.