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LE SCANDALE DU GAZON BLEU

Allons donc ! on ne se bat pas en duel avec un voleur. Tu es un voleur, je te répète. M’exposer à me faire tuer par toi, non, mon petit. C’est un vieux point d’honneur trop idiot. Il n’y a qu’un seul dénouement logique, raisonnable, c’est ta mort.

Patrice releva son revolver qu’il avait baissé une seconde et visa. Mais haussant les épaules il détourna l’arme.

— Non ! pas ça non plus. Je suis venu avec une autre idée. Écoute-moi, Richard, et dis-moi la vérité, si tu en es capable. Admettons que je quitte Dominique, es-tu disposé à l’épouser ?

— Ah ! certes oui ! dit Richard avec un élan.

— Doucement, il y a une condition.

— C’est que j’accepte, intervint froidement Dominique.

— Non, une autre. Tu prétends, Richard, que c’est bien toi qui fus pour elle l’homme du Gazon Bleu ?

— Oui.

— Jure-le.

— Je le jure.

— Bon. Certains événements graves donnent en quelque sorte un droit à ceux vis-à-vis desquels ils ont été déclenchés. Tu avais raison de dire tout à l’heure que l’union amoureuse de deux êtres crée entre eux un lien dont ils peuvent toujours se réclamer. Seulement il faut une certitude et que cette certitude soit authentique. Or, rappelle-toi, Richard, tu nous as confié que ta maîtresse de ce soir-là t’appelait Darling.

— J’ai menti.

— N’est-ce pas maintenant que tu mens ?

— Non.

— Jure-le encore. Jure-le solennellement sur ton honneur, sur la vie de ta mère.

— Je le jure… sur mon honneur, sur la vie de ma mère.

— Es-tu sûr de ne pas te tromper ? Oui. L’avenir compte. Vois-tu que par la suite, entre toi et Dominique, il y ait un doute ? Tu comprends : un doute ! Et que moi je l’aie quittée, et me sois sacrifié pour une chimère, pour un mensonge. Ah ! tu hésites, Richard… j’ai l’impression que tu hésites… Nous ne pouvons pourtant pas bouleverser notre vie, fonder une vie nouvelle sur une