Page:Leblanc - Le Scandale du gazon bleu, 1936.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

VIII

Les mains autour du cou

On se souvient encore de l’énorme sensation produite par la nouvelle orientation que prit l’enquête dès ce moment.

L’assassinat de la Pierreuse n’avait guère ému l’opinion. C’était le meurtre banal d’une fille publique par un souteneur, réglant un compte professionnel, ou par un amant de rencontre trop violent ou en difficulté au moment de solder ses satisfactions charnelles. Un crime comme il s’en produit si souvent dans la prostitution, un des risques que courent quotidiennement les filles qui se livrent, au hasard des rencontres, à l’inconnu…

Les révélations d’Isabella, que devaient confirmer les aveux de Fancy, lorsque dans le cabinet du Juge d’Instruction on les confronta toutes les deux, furent un coup de théâtre qui passionna le public du jour au lendemain pour cette affaire sensationnelle et faisandée, encore mystérieuse en certains points, et qui devint le scandale du Gazon Bleu.

Le fait important, le fait qui soulevait une curiosité générale, la réprobation des uns, l’intérêt trouble des autres, c’était que des gens du monde se trouvassent mêlés à cette affaire. Ainsi trois hommes élégants, dont un en smoking, accompagnés d’une femme jeune, belle, en robe du soir, courant les routes nocturnes dans une auto de grand luxe, se sont arrêtés au hasard de la rencontre et tous quatre ont bu du champagne, se sont grisés avec une pierreuse,