Page:Leblanc - Le triangle d'or, paru dans Le Journal, du 20 mai au 26 juil 1917.djvu/262

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une dame pour laquelle il professe la vénération la plus profonde.

— Vous pouvez me dire le nom de cette dame ? interrogea le concierge toujours défiant.

— Certes, Mme Essarès, la veuve du banquier, chez qui Siméon remplissait les fonctions de secrétaire. Mme Essarès est persécutée, il la défend contre des ennemis, et, comme nous voulons nous-mêmes leur porter secours à tous deux, et prendre en main cette affaire criminelle, nous insistons auprès de vous…

— Eh bien, voilà, dit M. Vacherot, tout à fait rassuré. Je connais Siméon Diodokis depuis des années et des années. Il m’a rendu service du temps que je travaillais comme menuisier, il m’a prêté de l’argent, il m’a fait avoir cette place, et, très souvent, il venait bavarder dans ma loge, causant d’un tas de choses…

— De ses histoires avec Essarès bey ? De ses projets concernant Patrice Belval ?… demanda don Luis négligemment.

Le concierge eut encore une hésitation et dit :

— D’un tas de choses. C’est un homme excellent, M. Siméon, qui fait beaucoup de bien et qui m’employait dans le quartier pour ses bonnes œuvres. Et, tout à l’heure encore, il risquait sa vie pour Mme Essarès…

— Un mot encore. Vous l’avez vu depuis la mort d’Essarès bey ?

— Non, c’était la première fois. Il est arrivé sur le coup d’une heure. Il parlait à voix basse, essoufflé, écoutant les bruits de la rue. « On m’a suivi, qu’il m’a dit… On m’a suivi… J’en jurerais… » — « Mais qui ? » ai-je demandé. — « Tu ne le connais pas… Il n’a qu’une main, mais il vous tord la gorge… » Et puis il s’est tu. Et il