Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/112

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Sans que Lupin réussît à le voir, l’inconnu se baissa derrière le lit. Lupin devina le bruit des tenailles qui s’attaquaient aux cordelettes d’acier et qui le délivraient peu à peu. Son buste d’abord fut dégagé, puis les bras, puis les jambes.

Et une voix lui dit :

« Il faut vous habiller. »

Très faible, il se souleva à demi, au moment où l’inconnu se redressait.

« Qui êtes-vous ? murmura-t-il. Qui êtes-vous ? »

Et une grande surprise l’envahit.

À côté de lui, il y avait une femme, une femme vêtue d’une robe noire et coiffée d’une dentelle qui recouvrait une partie de son visage. Et cette femme, autant qu’il pouvait en juger, était jeune, et de taille élégante et mince.

« Qui êtes-vous ? répéta-t-il.

— Il faut venir… dit la femme, le temps presse.

— Est-ce que je peux ! dit Lupin en faisant une tentative désespérée… Je n’ai pas la force…

— Buvez cela. »

Elle versa du lait dans une tasse, et, comme elle la lui tendait, sa dentelle s’écarta, laissant la figure à découvert.

« Toi ! C’est toi !… balbutia-t-il. C’est vous qui êtes ici ?… c’est vous qui étiez ?… »

Il regardait stupéfié cette femme dont les traits offraient avec ceux de Gabriel une si frappante analogie, dont le visage, délicat et régulier, avait la même pâleur, dont la bouche avait la même expression dure et antipathique. Une sœur n’eût pas présenté avec un frère une telle