Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/111

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de théâtre invraisemblables. Ils l’eussent bel et bien délivré.

Non, il fallait renoncer à toute espérance. Ganimard venait, Ganimard le trouverait là. C’était inévitable. C’était un fait accompli.

Et la perspective de l’événement l’irritait d’une façon singulière. Il entendait déjà les sarcasmes de son vieil ennemi. Il devinait l’éclat de rire qui, le lendemain, accueillerait l’incroyable nouvelle. Qu’il fût arrêté en pleine action, sur le champ de bataille, pour ainsi dire, et par une escouade imposante d’adversaires, soit ! mais arrêté, cueilli plutôt, ramassé dans de telles conditions, c’était vraiment trop stupide. Et Lupin, qui tant de fois avait bafoué les autres, sentait tout ce qu’il y avait de ridicule pour lui dans le dénouement de l’affaire Dugrival, tout ce qu’il y avait de grotesque à s’être laissé prendre au piège infernal de la veuve, et, en fin de compte, à être « servi » à la police comme un plat de gibier, cuit à point et savamment assaisonné.

« Sacré veuve ! bougonna-t-il. Elle aurait mieux fait de m’égorger tout simplement. »


Il prêta l’oreille. Quelqu’un marchait dans la pièce voisine. Ganimard ? Non. Quelle que fût sa hâte, l’inspecteur ne pouvait encore être là. Et puis Ganimard n’eût pas agi de cette manière, n’eût pas ouvert la porte aussi doucement que l’ouvrait cette autre personne ? Lupin se rappela les trois interventions miraculeuses auxquelles il devait la vie. Était-il possible que ce fût réellement quelqu’un qui l’eût protégé contre la veuve, et que ce quelqu’un entreprît maintenant de le secourir ? Mais qui, en ce cas ?…