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L’ÉCHARPE DE SOIE ROUGE





Ce matin-là, en sortant de chez lui, à l’heure ordinaire où il se rendait au Palais de Justice, l’inspecteur principal Ganimard nota le manège assez curieux d’un individu qui marchait devant lui, le long de la rue Pergolèse.

Tous les cinquante ou soixante pas, cet homme, pauvrement vêtu, coiffé, bien qu’on fût en novembre, d’un chapeau de paille, se baissait, soit pour renouer les lacets de ses chaussures, soit pour ramasser sa canne, soit pour tout autre motif. Et, chaque fois, il tirait de sa poche, et déposait furtivement sur le bord même du trottoir, un petit morceau de peau d’orange.

Simple manie, sans doute, divertissement puéril auquel personne n’eût prêté attention ; mais Ganimard était un de ces observateurs perspicaces que rien ne laisse indifférents, et qui ne sont satisfaits que quand ils savent la raison secrète des choses. Il se mit donc à suivre l’individu.

Or, au moment où celui-ci tournait à droite par l’avenue de la Grande-Armée, l’inspecteur le surprit qui échangeait des signes avec un gamin d’une douzaine d’années, lequel gamin longeait les maisons de gauche.