Aller au contenu

Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Elle a touché cent cinquante mille francs hier, deux cent mille francs aujourd’hui, pendant mon absence. Les autres paiements s’échelonneront cette semaine.

— Mais c’est effrayant ! Il eût fallu…

— Quoi, chef ? D’abord, ils ont profité de mon absence pour les règlements de compte. C’est à mon retour, par la rencontre imprévue d’un directeur de compagnie d’assurances que je connais et que j’ai fait parler, que j’ai appris la chose. »

Le chef de la Sûreté se tut assez longtemps, abasourdi, puis il marmotta :

« Quel homme, tout de même ! »

Ganimard hocha la tête.

« Oui, chef, une canaille, mais on doit l’avouer, un rude homme. Pour que son plan réussît, il fallait avoir manœuvré de telle sorte que, pendant quatre ou cinq semaines, personne ne pût émettre ou même concevoir le moindre doute sur le colonel Sparmiento. Il fallait que toutes les colères et toutes les recherches fussent concentrées sur le seul Lupin. Il fallait que, en dernier ressort, on se trouvât simplement en face d’une veuve douloureuse, pitoyable, la pauvre Édith au Cou-de-Cygne, vision de grâce et de légende, créature si touchante que ces messieurs des Assurances étaient presque heureux de déposer entre ses mains de quoi atténuer son chagrin. Voilà ce qui fut. »

Les deux hommes étaient tout près l’un de l’autre et leurs yeux ne se quittaient pas.

Le chef dit :

« Qu’est-ce que c’est que cette femme.

— Sonia Krichnoff !