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Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/31

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lettres… Qui diable pourrait me donner un petit coup de main … un petit bout de tuyau ?… Qui ? Mais Lavernoux, parbleu ! Ce bon Lavernoux, puisqu’il a pris la peine, au risque de ses jours, de faire de la télégraphie optique… Dieu ! que je suis bête. Mais oui, mais oui, nous y sommes ! Crénom ! ça m’émeut… Lupin, tu vas compter jusqu’à dix et comprimer les battements trop rapides de ton cœur. Sinon, c’est de la mauvaise ouvrage. »

Ayant compté jusqu’à dix, tout à fait calme, il s’agenouilla devant le coffre-fort. Il manœuvra les quatre boutons avec une attention minutieuse. Ensuite, il examina le trousseau de clefs, choisit l’une d’elles, puis une autre, et tenta vainement de les introduire.

« Au troisième coup l’on gagne, murmura-t-il, en essayant une troisième clef… Victoire ! Celle-ci marche ! Sésame, ouvre-toi !

La serrure fonctionna. Le battant fut ébranlé. Lupin l’entraîna vers lui en reprenant le trousseau.

« À nous les millions, dit-il. Sans rancune, baron Repstein. »

Mais, d’un bond, il sauta en arrière, avec un hoquet d’épouvante. Ses jambes vacillèrent sous lui. Les clefs s’entrechoquaient dans sa main fébrile avec un cliquetis sinistre. Et durant vingt, trente secondes, malgré le vacarme que l’on faisait en bas, et les sonneries électriques qui retentissaient à travers l’hôtel, il resta là, les yeux hagards, à contempler la plus horrible, la plus abominable vision : un corps de femme à moitié vêtu, courbé en deux dans le coffre, tassé comme un paquet trop gros et des cheveux blonds qui pendaient… et du sang…