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Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/40

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avez besoin de secours, n’hésitez pas, jetez à la poste cette carte que je mets dans ce livre et quelle que soit l’heure, quels que soient les obstacles, je viendrai. »

Avec quel air étrange il avait prononcé une telle phrase, et comme il donnait l’impression de la certitude, de la force, de la puissance illimitée, de l’audace indomptable !

Brusquement, inconsciemment, sous la poussée d’une décision irrésistible et dont elle se refusait à prévoir les conséquences, Yvonne, avec ses mêmes gestes d’automate, prit une enveloppe pneumatique, introduisit la carte de visite, cacheta, inscrivit les deux lignes : Horace Velmont, Cercle de la rue Royale et s’approcha de la fenêtre entre-bâillée. Dehors l’agent de police déambulait. Elle lança l’enveloppe, la confiant au hasard. Peut-être ce chiffon de papier serait-il ramassé, et, comme une lettre égarée, mis à la poste.

Elle n’avait pas accompli cet acte qu’elle en saisit toute l’absurdité. Il était fou de supposer que le message irait à son adresse, et plus fou encore d’espérer que l’homme qu’elle appelait pourrait venir à son secours, quelle que fût l’heure et quels que fussent les obstacles.

Une réaction se produisit, d’autant plus vive, que l’effort avait été plus rapide et plus brutal. Yvonne chancela, s’appuya contre un fauteuil et se laissa tomber, à bout d’énergie.

Alors le temps s’écoula, le temps morne des soirées d’hiver où les voitures interrompent seules le silence de la rue. La pendule sonnait, implacable. Dans le demi-sommeil qui l’engourdissait, la jeune femme en comptait les tin-