Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

le premier passant venu. Justement, un agent de police se promenait sur le trottoir. Elle se pencha. Mais l’air vif de la nuit l’ayant frappée au visage, plus calme, elle songea au scandale, à l’enquête, aux interrogatoires, à son fils. Mon Dieu ! mon Dieu ! Que faire pour le reprendre ? Par quels moyens s’échapper ? Au moindre bruit, le comte pouvait survenir. Et qui sait si, dans un mouvement de rage…

Des pieds à la tête elle frissonna, prise d’une épouvante subite. L’horreur de la mort se mêlait, en son pauvre cerveau, à la pensée de son fils, et elle bégaya, la gorge étranglée :

« Au secours… Au secours… »

Elle s’arrêta net, et redit tout bas, à plusieurs reprises : « Au secours… au secours… » comme si ce mot éveillait en elle une idée, une réminiscence, et que l’attente d’un secours ne lui parût pas une chose impossible. Durant quelques minutes, elle resta absorbée en une méditation profonde, coupée de pleurs et de tressaillements. Puis, avec des gestes pour ainsi dire mécaniques, elle allongea le bras vers une petite bibliothèque suspendue au-dessus du secrétaire, saisit les uns après les autres quatre livres qu’elle feuilleta distraitement et remit en place, et finit par trouver entre les pages du cinquième une carte de visite où ses yeux épelèrent ces deux mots : Horace Velmont, et cette adresse écrite au crayon : Cercle de la rue Royale.

Et sa mémoire évoqua la phrase bizarre que cet homme lui avait dite quelques années auparavant en ce même hôtel, un jour de réception :

« Si jamais un péril vous menace, si vous