Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

C’est l’une de ces ruelles, étroite, tortueuse, déserte, que prit ma voisine. Il y avait d’abord à droite, une maison dont la façade donnait sur la rue Raynouard, puis un mur moisi, d’une hauteur peu commune, soutenu de contreforts, hérissé de tessons de bouteilles.

Vers le milieu, une porte basse en forme d’arcade le trouait, devant laquelle Louise d’Ernemont s’arrêta, et qu’elle ouvrit à l’aide d’une clef qui nous parut énorme. La mère et la fille entrèrent.

« En tout cas, me dit Lupin, elle n’a rien à cacher, car elle ne s’est pas retournée une seule fois… »

Il avait à peine achevé cette phrase qu’un bruit de pas retentit derrière nous. C’étaient deux vieux mendiants, un homme et une femme, déguenillés, sales, crasseux, couverts de haillons. Ils passèrent sans prêter attention à notre présence. L’homme sortit de sa besace une clef semblable à celle de ma voisine, et l’introduisit dans la serrure. La porte se referma sur eux.

Et tout de suite, au bout de la ruelle, un bruit d’automobile qui s’arrête… Lupin m’entraîna cinquante mètres plus bas, dans un renfoncement qui suffisait à nous dissimuler. Et nous vîmes descendre, un petit chien sous le bras, une jeune femme très élégante, parée de bijoux, les yeux trop noirs, les lèvres trop rouges, et les cheveux trop blonds. Devant la porte, même manœuvre, même clef… La demoiselle au petit chien disparut.

« Ça commence à devenir amusant, ricana Lupin. Quel rapport ces gens-là peuvent-ils avoir les uns avec les autres ? »