Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/64

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sage à une petite fille de sept à huit ans, qui vint se mettre à la fenêtre. Une dame apparut derrière elle, assez grande, encore jolie, l’air doux et mélancolique. Toutes deux étaient prêtes, habillées de vêtements simples, mais qui dénotaient chez la mère un souci d’élégance.

« Vous voyez, murmurai-je, elles vont sortir. »

De fait, après un moment, la mère prit l’enfant par la main, et elles quittèrent la chambre.

Lupin saisit son chapeau.

« Venez-vous ? »

Une curiosité trop vive me stimulait pour que je fisse la moindre objection. Je descendis avec Lupin.

En arrivant dans la rue, nous aperçûmes ma voisine qui entrait chez un boulanger. Elle acheta deux petits pains qu’elle plaça dans un menu panier que portait sa fille et qui semblait déjà contenir des provisions. Puis elles se dirigèrent du côté des boulevards extérieurs, qu’elles suivirent jusqu’à la place de l’Étoile. L’avenue Kléber les conduisit à l’entrée de Passy.

Lupin marchait silencieusement, avec une préoccupation visible que je me réjouissais d’avoir provoquée. De temps à autre, une phrase me montrait le fil de ses réflexions, et je pouvais constater que l’énigme demeurait entière pour lui comme pour moi.

Louise d’Ernemont cependant avait obliqué sur la gauche par la rue Raynouard, vieille rue paisible où Franklin et Balzac vécurent, et qui, bordée d’anciennes maisons et de jardins discrets, vous donne une impression de province. Au pied du coteau qu’elle domine, la Seine coule, et des ruelles descendent vers le fleuve.