Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/69

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fant que sa chemise. Maître des vêtements, le valet de chambre se sauva, poursuivi par le caporal qui lui arracha la culotte, laquelle fut reprise au caporal par une des sœurs maigres.

« Ils sont fous ! murmurai-je, absolument ahuri.

— Mais non, mais non, dit Lupin.

— Comment ! vous y comprenez donc quelque chose ? »

À la fin, Louise d’Ernemont qui, dès le début, s’était posée en conciliatrice, réussit à apaiser le tumulte. On s’assit de nouveau, mais il y eut une réaction chez tous ces gens exaspérés, et ils demeurèrent immobiles et taciturnes, comme harassés de fatigue.

Et du temps s’écoula. Impatienté, et commençant à souffrir de la faim, j’allai chercher jusqu’à la rue Raynouard quelques provisions que nous nous partageâmes tout en surveillant les acteurs de la comédie incompréhensible qui se jouait sous nos yeux. Chaque minute semblait les accabler d’une tristesse croissante, et ils prenaient des attitudes découragées, courbaient le dos de plus en plus et s’absorbaient dans leurs méditations.

« Vont-ils coucher là ? » prononçai-je avec ennui.

Mais, vers cinq heures, le gros monsieur à la jaquette malpropre tira sa montre. On l’imita, et tous, leur montre à la main, ils parurent attendre avec anxiété un événement qui devait avoir pour eux une importance considérable. L’événement ne se produisit pas, car, au bout de quinze à vingt minutes, le gros monsieur eut un geste de désespoir, se leva et mit son chapeau.