Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/91

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Très vite, ils furent entourés d’agents et conduits au commissariat. Dugrival se laissait faire, absolument ahuri. Sa femme continuait à vociférer, accumulant des explications, poursuivant d’invectives le faux inspecteur.

« Qu’on le cherche !… Qu’on le trouve !… Une jaquette marron… La barbe en pointe… Ah ! le misérable, ce qu’il nous a roulés… Cinquante mille francs… Mais… oui… Qu’est-ce que tu fais, Dugrival »

D’un bond elle se jeta sur son mari. Trop tard ! Il avait appliqué contre sa tempe le canon d’un revolver. Une détonation retentit. Dugrival tomba. Il était mort.

On n’a pas oublié le bruit que firent les journaux à propos de cette affaire, et comment ils saisirent l’occasion pour accuser une fois de plus la police d’incurie et de maladresse. Était-il admissible qu’un pickpocket pût ainsi, en plein jour et dans un endroit public, jouer le rôle d’inspecteur et dévaliser impunément un honnête homme ?

La femme de Nicolas Dugrival entretenait les polémiques par ses lamentations et les interviews qu’elle accordait. Un reporter avait réussi à la photographier devant le cadavre de son mari tandis qu’elle étendait la main et qu’elle jurait de venger le mort. Debout, près d’elle, son neveu Gabriel montrait un visage haineux. Lui aussi, en quelques mots prononcés à voix basse et d’un ton de décision farouche, avait fait le serment de poursuivre et d’atteindre le meurtrier.

On dépeignait le modeste intérieur qu’ils occupaient aux Batignolles, et, comme ils étaient