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nés. Avant qu’ils n’y eussent réussi, peut-être avait-il encore le temps de gagner son auto ? Néanmoins, il préféra suivre le même chemin que Florence et que Sauverand, ce qui lui donnait l’espoir de les retrouver et de les secourir en cas de péril.

Donc, enjambant le rebord du coffre, il mit le pied sur l’échelon supérieur et descendit. Une vingtaine de barreaux le conduisirent au milieu du premier étage. Là, à la lueur de sa lanterne électrique, il s’engagea dans une sorte de tunnel en voûte, très bas, creusé, comme il le pensait, dans la muraille, et si peu large que l’on ne pouvait avancer qu’en tenant les épaules de biais.

Trente mètres plus loin, il y eut un coude à angle droit, puis, au bout d’un autre tunnel, aussi long, une trappe qui était ouverte et où apparaissaient les échelons d’un autre escalier. Il ne douta pas que les fugitifs n’eussent passé par là.

En bas, une clarté l’accueillit. Il se trouvait dans un placard également ouvert, et que des rideaux, actuellement écartés, devaient recouvrir en temps ordinaire. Ce placard dominait un lit, qui remplissait presque l’espace d’une alcôve. Après avoir franchi l’alcôve et gagné la pièce dont elle n’était séparée que par une cloison, à son grand étonnement il reconnut le salon de Florence.

Cette fois, il savait. L’issue, non pas secrète, puisqu’elle aboutissait à la place du Palais-Bourbon, mais très sûre cependant, était celle dont Sauverand usait d’habitude lorsque Florence l’introduisait chez elle. Il traversa donc l’antichambre, descendit quelques marches et, un peu avant l’office, dégringola l’escalier qui menait aux caves de l’hôtel. Dans l’ombre, la porte basse, qui servait au passage des barricades, se reconnaissait à un petit judas grillagé par où filtrait le jour. À tâtons, il trouva la serrure. Tout heureux d’arriver enfin au terme de son expédition, il ouvrit.

— Cré nom d’un chien ! gronda-t-il en sautant en arrière et en se cramponnant à la serrure, qu’il réussit à refermer.

Deux agents de police en uniforme gardaient la sortie, deux agents qui, à son apparition, avaient voulu se jeter sur lui.

D’où venaient-ils, ces deux hommes-là ? Avaient-ils empêché l’évasion de Sauverand et de Florence ? Mais alors, en ce cas, don Luis eût rencontré les deux fugitifs, puisqu’ils avaient suivi exactement le même chemin.

« Non, pensa-t-il, la fuite a eu lieu avant que la sortie ne fût surveillée. Mais,