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fichtre, c’est à mon tour de déguerpir, et ce n’est pas commode. Vais-je me faire pincer au gîte comme un lapin ? »

Il remonta l’escalier de la cave, avec l’intention de brusquer les choses, de se glisser dans la cour d’honneur par les couloirs des communs, de sauter dans son auto et de forcer le passage. Mais lorsqu’il fut sur le point d’arriver à la cour, près de la remise, il aperçut quatre agents de la Sûreté, de ceux qu’il avait emprisonnés et qui survenaient en gesticulant et en criant. Et il se rendit compte en outre, que tout un tumulte s’élevait du côté de la grande porte et du pavillon des concierges. De nombreuses voix d’hommes s’entre-choquaient. On disputait violemment.

Peut-être y avait-il là une occasion dont il pouvait profiter pour se faufiler dehors à la faveur du désordre. Au risque d’être aperçu, il avança la tête. Et le spectacle qui s’offrit à ses yeux le stupéfia.

Gaston Sauverand était là, le cabriolet de fer…

Entouré d’agents de police et d’agents de la Sûreté, bloqué contre le mur, insulté, bousculé, Gaston Sauverand était là, le cabriolet de fer aux poignets.

Gaston Sauverand prisonnier ! Quel drame avait donc bien pu se jouer entre les deux fugitifs et la police ? Le cœur étreint d’angoisse, il se pencha davantage. Mais il ne vit pas Florence. Sans doute, la jeune fille avait dû réussir à se sauver.

L’apparition de Weber sur le perron et les paroles du sous-chef confirmèrent son espoir. Weber était fou de rage. La captivité, l’humiliation de la défaite, l’exaspéraient.

— Ah ! proféra-t-il en apercevant le prisonnier, en voilà toujours un ! Gaston Sauverand ! du gibier de choix… Où l’avez-vous pigé, celui-là, les amis ?

— Sur la place du Palais-Bourbon, dit l’un des inspecteurs. On l’a vu qui fichait le camp par la porte de la cave.

— Et sa complice, la fille Levasseur ?