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Weber, le brigadier Mazeroux et deux agents se trouvaient réunis dans la grande salle où l’ingénieur Fauville avait été assassiné. Quinze autres agents occupaient les autres pièces, tandis qu’une vingtaine gardaient les toits, la façade et le jardin.

Vers minuit, M. Desmalions fit servir du café à ses agents. Lui-même en prit deux tasses, et il ne cessait de marcher d’un bout à l’autre de la pièce, de monter l’escalier qui conduisait à la mansarde ou de parcourir l’antichambre et le vestibule. Préférant que la surveillance s’exerçât dans les conditions les plus favorables, il laissait toutes les portes ouvertes et toutes les lumières électriques allumées.

Il décrocha le récepteur…

Et, comme Mazeroux objectait :

— Il faut de l’ombre pour que la lettre vienne. Rappelez-vous, monsieur le préfet, l’épreuve contraire a été déjà tentée, et la lettre n’est pas venue.

— Recommençons l’épreuve, répondit M. Desmalions qui, en réalité, et malgré tout, craignait l’intervention de don Luis.

Cependant, à mesure que la nuit avançait, l’impatience gagnait les esprits. Tous préparés à la lutte, les hommes souhaitaient l’occasion d’utiliser leur énergie exaspérée. Ils écoutaient et ils regardaient éperdument. Vers une heure, il y eut une alerte, qui montra à quel point de tension nerveuse ils étaient arrivés. Un coup de feu partit du premier étage, puis des clameurs. Renseignements pris, c’étaient deux agents, qui, se rencontrant au cours d’une ronde, ne se reconnurent pas et dont l’un tira en l’air pour avertir ses camarades.

Dehors, cependant, il y avait moins de monde, ainsi que put le constater M. Desmalions lorsqu’il entrouvrit la porte du jardin. La consigne, moins sévère, laissait approcher les curieux, tout en défendant les abords du trottoir.

Mazeroux lui dit :

— Heureusement que l’explosion n’est pas pour cette nuit, monsieur le préfet, sans quoi tous ces braves gens y passeraient tout comme nous.