Page:Leblanc - Les Dents du Tigre, paru dans Le Journal, du 31 août au 30 octobre 1920.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gnon et tout disposé à se laisser conduire par lui.

Ils décidèrent de passer d’abord au café du Pont-Neuf.

Là ils apprirent que l’inspecteur Vérot, un habitué de l’établissement, avait, en effet le matin, écrit une longue lettre. Et le garçon de table se rappela fort bien que son voisin de table, entré presque en même temps que l’inspecteur, avait demandé également du papier à lettre et réclamé deux fois des enveloppes jaunes.

— C’est bien cela, dit Mazeroux à don Luis. Il y a eu, comme vous le pensiez, substitution de lettres.

Quant au signalement que le garçon put donner, il était suffisamment explicite : un individu de taille élevée, un peu voûté, qui portait une barbe châtaine coupée en pointe, un lorgnon d’écaille retenu par un cordonnet de soie noire, et une canne d’ébène dont la poignée d’argent formait une tête de cygne.

— Avec cela, dit Mazeroux, la police peut marcher.

Ils allaient sortir du café, lorsque don Luis arrêta son compagnon.

— Un instant.

— Qu’y a-t-il ?

— Nous avons été suivis…

— Suivis ! Elle est raide celle-là. Et par qui donc ?

— Aucune importance. Je sais ce que c’est, et j’aime autant régler cette histoire-là en un tournemain. Attendez-moi. Je reviens, et vous ne vous ennuierez pas, je vous le promets. Vous, allez voir un type à la hauteur.

Il revint, en effet, au bout d’une minute, avec un monsieur mince et grand, au visage encadré de favoris.