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Page:Leblanc - Les Dents du Tigre, paru dans Le Journal, du 31 août au 30 octobre 1920.djvu/38

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Il fit les présentations :

« Monsieur Mazeroux, un de mes amis. Monsieur Cacérès, attaché à la légation péruvienne, et qui, tout à l’heure, assistait à l’entrevue chez le préfet. C’est M. Cacérès qui fut chargé par le ministre du Pérou de réunir les pièces relatives à mon identité. »

Et gaiement, il ajouta :

— Alors, cher monsieur Cacérès, vous me cherchiez… J’avais bien cru, en effet, quand nous sommes sortis de la Préfecture…

L’attaché péruvien fit un signe et montra le brigadier Mazeroux. Perenna reprit :

— Je vous en supplie… Que monsieur Mazeroux ne vous gêne pas !… Vous pouvez parler devant lui… Il est très discret… et d’ailleurs il est au courant de la question.

L’attaché se taisait. Perenna le fit asseoir en face de lui.

— Parlez sans détours, cher monsieur Cacérès. C’est un sujet qui doit être traité carrément et où, même, je ne redoute pas une certaine crudité de mots. Que de temps gagné de la sorte ! Allons-y. Il vous faut de l’argent n’est-ce pas ? Ou, du moins, un supplément d’argent. Combien ?

Le Péruvien eut une dernière hésitation, jeta un coup d’œil sur le compagnon de don Luis, puis, se décidant tout à coup, prononça, d’une voix sourde :

— Cinquante mille francs !

— Bigre de bigre ! s’écria don Luis, vous êtes gourmand ! Qu’est-ce que vous en dites, monsieur Mazeroux ? Cinquante mille francs, c’est une somme. D’autant plus… Voyons, mon cher Cacérès, récapitulons. Il y a quelques années, ayant eu l’honneur de lier connaissance avec vous en Algérie, où vous étiez de passage, ayant compris d’autre part à qui j’avais affaire, je vous ai demandé s’il vous était possible de m’établir, en trois ans, avec mon nom de Perenna, une personnalité hispano-péruvienne, munie de papiers indiscutables et d’ancêtres respectables.