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Page:Leblanc - Les Dents du Tigre, paru dans Le Journal, du 31 août au 30 octobre 1920.djvu/39

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Vous m’avez répondu : « Oui. » Le prix fut fixé : vingt mille francs. La semaine dernière, le préfet de police m’ayant fait dire de lui communiquer mes papiers, j’allai vous voir, et j’appris de vous que vous étiez justement chargé d’une enquête sur mes origines. D’ailleurs, tout était prêt. Avec les papiers convenablement mis au point de feu Perenna, noble hispano-péruvien, vous m’aviez confectionné un état civil de tout premier ordre. Après entente sur ce qu’il y avait à dire devant le préfet de police, je versai les vingt mille francs. Nous étions quittes. Que voulez-vous de plus ?

L’attaché péruvien ne montrait plus le moindre embarras. Il posa ses deux coudes sur la table, et tranquillement il articula :

— Monsieur, en traitant avec vous jadis, je croyais traiter avec un monsieur qui, se cachant sous l’uniforme de légionnaire pour des raisons personnelles désirait plus tard recouvrer les moyens de vivre honorablement. Aujourd’hui, il s’agit du légataire universel de Cosmo Mornington, lequel légataire touche demain, sous un faux nom, la somme d’un million, et dans quelques mois peut-être la somme de deux cents millions. C’est tout autre chose.

L’argument sembla frapper don Luis. Pourtant il objecta :

— Et si je refuse ?

L’attaché péruvien posa ses coudes sur la table.

— Si vous refusez, j’avertis le notaire et le préfet de police que je me suis trompé dans mon enquête, et qu’il y a erreur sur la personne de don Luis Perenna. Ensuite de quoi vous ne toucherez rien du tout et serez même tout probablement mis en état d’arrestation.

— Ainsi que vous, mon brave monsieur.

— Moi ?