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Hippolyte Fauville, ingénieur, habitait, sur le boulevard Suchet, le long des fortifications, un hôtel assez vaste flanqué à gauche d’un jardin où il avait fait bâtir une grande pièce qui lui servait de cabinet de travail. Le jardin se trouvait ainsi réduit à quelques arbres et à une bande de gazon, en bordure de la grille habillée de lierre et percée d’une porte qui le séparait du boulevard Suchet.

Don Luis Perenna se rendit avec Mazeroux au commissariat de Passy, où Mazeroux, sur ses instructions, se fit connaître et demanda que l’hôtel de l’ingénieur Fauville fût surveillé, durant la nuit, par deux agents de police, qui mettraient en arrestation toute personne suspecte tentant de s’introduire.

Le commissaire promit son concours.

Après quoi don Luis et Mazeroux dînèrent dans le quartier. À neuf heures, ils arrivaient devant la porte principale de l’hôtel.

— Alexandre, fit Perenna.

— Patron ?

— Tu n’as pas peur ?

— Non, patron. Pourquoi ?

— Pourquoi ? Parce que, en défendant l’ingénieur Fauville et son fils, nous nous attaquons à des gens qui ont un intérêt considérable à les faire disparaître, et que ces gens n’ont pas l’air d’avoir froid aux yeux. Ta vie, la mienne… un souffle, un rien… Tu n’as pas peur ?

— Patron, répondit Mazeroux, je ne sais pas si je connaîtrai la peur un jour ou l’autre. Mais il y a un cas où je ne la connaîtrai jamais.

— Lequel, mon vieux ?

— Tant que je serai à vos côtés.

Et résolument il sonna.

La porte s’ouvrit et un domestique