père que l’ambassadeur des États-Unis ne s’est pas dérangé lui-même ?…
— Non, monsieur le préfet.
— Vous avez les cartes de ces messieurs ?
— Voici.
Le préfet de police prit les cinq cartes qu’on lui tendait et lut :
Archibald Bright, premier secrétaire de l’ambassade des États-Unis.
Maître Lepertuis, notaire.
Juan Cacérès, attaché à la légation du Pérou.
Le commandant comte d’Astrignac, en retraite.
La cinquième carte portait simplement un nom sans adresse ni autre désignation :
Don Luis Perenna.
— J’ai bien envie de le voir, celui-là, fit M. Desmalions. Il m’intéresse diablement !… Vous avez lu le rapport de la Légion étrangère ?
— Oui, monsieur le préfet, et j’avoue que, moi aussi, ce monsieur m’intrigue…
— N’est-ce pas ? Quel courage ! Une sorte de fou héroïque et vraiment prodigieux. Et puis ce surnom d’Arsène Lupin, que ses camarades lui avaient donné, tellement il les dominait et les stupéfiait !… Il y a combien de temps qu’Arsène Lupin est mort ?
— Deux ans avant la guerre, monsieur le préfet. On a retrouvé son cadavre et celui de Mme Kesselbach sous les décombres d’un petit chalet incendié, non loin de la frontière du Luxembourg[1]. L’enquête a prouvé qu’il avait étranglé cette monstrueuse Mme Kesselbach, dont les crimes furent découverts par la suite, et qu’il s’était pendu après avoir mis le feu au chalet.
— C’est bien la fin que méritait ce damné personnage, dit M. Desmalions, et j’avoue que, pour ma part, je préfère de beaucoup n’avoir pas à le combattre… Voyons, où en sommes-nous ? Le dossier de l’héritage Mornington est prêt ?
— Sur votre bureau, monsieur le préfet.
— Bien. Mais j’oubliais… L’inspecteur Vérot est-il arrivé ?
— Oui, monsieur le préfet, il doit être à l’infirmerie, en train de se réconforter.
— Qu’est-ce qu’il avait donc ?
— Il m’a paru dans un drôle d’état, assez malade.
— Comment ? Expliquez-moi donc…
Le secrétaire raconta l’entrevue qu’il avait eue avec l’inspecteur Vérot.