Page:Leblanc - Les Heures de mystère, paru dans Gil Blas, 1892-1896.djvu/162

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» Et puis que m’importe ? Il me semble que ma douleur se complique d’une trop grande curiosité. Là n’est point ma réelle souffrance. Moins que le père inconnu, que le misérable qui doit dissimuler son affection et qui m’a peut-être oublié, je pleure le père qu’il me faut perdre, celui qui m’aime de tout son dévouement, celui que j’aime de toute ma reconnaissance. Oh ! ma mère, je vous hais pour la torture que vous m’infligez en brisant mon cœur de fils… »

Là se terminait le journal. M. Gélis le remit à sa place ; mais, au moment de repousser le tiroir, il aperçut, au fond, un revolver dans sa gaîne. Il l’en tira, le mania un moment et l’approcha de sa tempe. La débâcle de sa vie était telle que la mort lui paraissait la seule solution.

Il ne sut au juste pourquoi il différa l’exécution de son projet. Déposant l’arme, il se mit à marcher à travers la pièce avec des coups de colère qui rougissaient de sang la pâleur de sa figure. Puis il s’abattit sur une chaise. Il n’en pouvait plus, et il pleura longtemps.

M. Gélis avait adoré sa femme. Et, certes, cela l’atteignait dans son amour