Page:Leblanc - Les Heures de mystère, paru dans Gil Blas, 1892-1896.djvu/187

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à lui seul. Ainsi, peu à peu, dans le vague sentiment qu’il éprouvait se glissa une sorte d’affection d’être à être, une affection d’homme pour une créature vivante.

Il redoubla de zèle. Chaque matin, la toilette de Verania exigeait une attention considérable. Il la lavait d’abord, avec une fine éponge achetée spécialement. C’était la douce figure aux courbes grasses, les profonds yeux noirs, les lèvres sanglantes, les dents si blanches. C’était le cou moelleux et les oreilles compliquées. Et c’était enfin la poitrine nue, le double mystère de la gorge, si troublant que sa main tremblait…

Il rêvait aussi, en son ignorance de pauvre diable, à des raffinements plus luxueux où se plaît, dit-on, la subtilité des grandes dames. Et il s’en voulait presque de ne pouvoir l’entretenir des pâtes nécessaires, des onguents, des essences et des parfums indispensables.