Page:Leblanc - Les Milliards d'Arsène Lupin, paru dans L'Auto, 1939.djvu/10

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combe à mon fils !… C’est pourquoi je vous ai appelée auprès de moi comme collaboratrice.

— Ce fut à vos yeux une réparation ?

— Oui. »

Patricia releva son visage vers lui, le regarda en face.

« Si j’avais su, j’aurais refusé, comme j’ai refusé l’argent que votre fils m’offrait, dit-elle avec amertume.

— Comment auriez-vous vécu ?

— Comme je l’avais déjà fait, monsieur, en travaillant… En travaillant au sortir d’ici, le soir, dans une autre place, et le matin avant d’arriver, en faisant des copies pour une troisième maison. Il n’y a pas d’être au monde bien portant et courageux qui ne puisse vivre, Dieu merci, par son travail ! »

Allermy fronça le sourcil.

« Vous êtes très orgueilleuse.

— Très orgueilleuse, c’est vrai.

— Et ambitieuse aussi.

— Aussi, dit-elle avec calme. »

Il y eut encore un court silence et le directeur de Allo-Police reprit :

« Tout à l’heure, j’ai trouvé sur ce bureau un article de vous à propos de cet horrible crime d’hier dont nous parlions dans la rédaction, le massacre des trois jumeaux. »

Patricia changea de figure et de ton ; elle fut le débutant anxieux de l’opinion de son juge.

« Vous avez eu la bonté de le lire, monsieur ?

— Oui.

— Il vous convient ? »

Le directeur hocha la tête.

« Tout ce que vous dites sur ce crime, sur les motifs qui l’ont suscité, sur l’homme que vous croyez coupable, est probablement juste, en tout cas très ingénieux, très logique. Vous faites preuve de réelles qualités de discernement et d’imagination.