Page:Leblanc - Les Milliards d'Arsène Lupin, paru dans L'Auto, 1939.djvu/101

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cela ne vous empêcherait pas d’être Arsène Lupin, si vous l’êtes réellement. »

Il avoua tout bas :

« Je le suis réellement. »

La jeune femme rougit, un peu suffoquée par cette affirmation.

« Tant mieux, dit-elle au bout d’un instant. Avec vous, je suis sûre de vaincre… Mais j’ai peur…

— Peur de quoi ?

— Peur de l’avenir. Votre désir de me plaire ne s’accorde pas bien avec les relations strictement amicales qui doivent s’établir entre nous.

— Vous n’avez rien à redouter à ce point de vue ! dit-il en souriant. Les limites de notre amitié seront toujours celles que vous fixerez vous-même. Vous n’êtes pas une femme que l’on peut surprendre ou séduire furtivement.

— Et… cela vous plaît ?

— Tout me plaît venant de vous.

— Tout ? Vraiment ?…

— Oui, tout, puisque je vous aime. »

Elle rougit de nouveau et garda le silence.

« Patricia… reprit-il.

— Que voulez-vous ?

— Promettez-moi que vous répondrez à mon amour… sinon je me jette l’eau, déclara-t-il à moitié grave et à moitié riant.

— Je ne puis vous promettre cela, répondit-elle du même ton.

— Alors je me jette à l’eau. »

Il fit comme il le disait. Il lâcha les rames, se dressa et, tout habillé, piqua une tête dans la Seine, où il se mit à nager vigoureusement. Patricia vit qu’il se dirigeait vers une barque qui, sur la droite, filait devant eux à vive allure. Elle