Page:Leblanc - Les Milliards d'Arsène Lupin, paru dans L'Auto, 1939.djvu/176

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heures, comme Le Bonaparte venait de franchir la passe et jetait l’ancre dans le port.

Elle murmura douloureusement :

« Ce furent nos premières heures de bonheur, mon ami. Ce seront peut-être les dernières. »

Il la prit dans ses bras.

Au petit matin, Patricia fit sa toilette et prépara son nécessaire de voyage. Horace Velmont, ou plutôt Arsène Lupin, n’était plus là. À la porte, la clef était toujours dans la serrure, fermée à double tour. Mais Patricia sentit un air humide et froid emplir sa cabine et elle constata que la fenêtre du hublot n’était pas close. Avait-il passé par là ? Dans quelle intention ? Du hublot, on ne pouvait guère remonter sur le pont. Sans avoir découvert la moindre trace de son compagnon, Patricia déjeuna encore sur Le Bonaparte. Après le repas, elle s’apprêtait à remonter sur le pont, quand on vint lui apporter un message. Henry Mac Allermy sollicitait une entrevue. Sans hésiter, la jeune femme refusa.

Les heures traînèrent, lentes, interminables pour Patricia qui, fébrile, attendait les événements… Quels événements ? Elle l’ignorait…

Le port était envahi de bâtiments, yachts de plaisance, vedettes, torpilleurs… Des hydravions filaient au ciel. Une animation extraordinaire régnait le long des quais où la foule grouillait… Mille bruits se mêlaient : sifflets de sirène, jets de vapeur, colis qu’on décharge, cris…

Patricia attendait toujours. Elle ne savait où était Lupin, elle ne savait ce qu’il faisait, mais elle éprouvait à présent la certitude irraisonnée mais formelle qu’elle ne devait pas débarquer avant d’avoir des nouvelles de lui — et qu’elle allait en avoir d’une façon ou d’une autre.