Page:Leblanc - Les Milliards d'Arsène Lupin, paru dans L'Auto, 1939.djvu/175

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parte avec les autorités militaires et les représentants de la police américaine. »

Une troisième information s’exprimait ainsi :

« Le journal Allo-Police annonce que M. Allermy junior, son directeur, a obtenu l’autorisation d’aller, sur son yacht, au-devant de sa collaboratrice, Patricia Johnston ; une escouade de policiers sera mise à sa disposition pour le débarquement. »

« Parfait, s’écria Horace. Nous serons accueillis selon notre mérite, c’est-à-dire, moi, par une mobilisation policière, et vous, par le père de votre enfant. »

À ces paroles railleuses autant qu’à la lecture des dépêches, Patricia s’était assombrie.

« Que de menaces, dit-elle… Je ne redoute rien du côté d’Allermy junior, mais, vous, mon ami, votre situation est terrible.

— Appelez Saïda d’un coup de sifflet, plaisanta Lupin. D’ailleurs ne craignez rien pour moi, reprit-il avec plus de sérieux. Je ne suis pas en péril. Si même, par impossible, je condescendais à me laisser arrêter, aucune charge authentique ne pourrait être relevée contre moi… Mais je me demande ce que veut cet Allermy junior ?…

— Nous avons peut-être eu tort de voyager ensemble, remarqua Patricia. Une enquête prouvera facilement que nous ne nous sommes pas quittés depuis Le Havre.

— Si, la nuit. Je n’ai jamais mis le pied dans votre cabine.

— Ni moi dans la vôtre. »

Il fixa les yeux sur elle.

« Vous le regrettez, Patricia ? dit-il d’une voix altérée.

— Peut-être », répondit-elle gravement.

Elle leva vers lui son beau visage voluptueux et, après un long regard, frémissante, elle lui tendit ses lèvres…

Ce soir-là, ils dînèrent ensemble en tête à tête. Et Lupin réclama du champagne.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Je vous quitte, Patricia », dit-il, vers onze