Page:Leblanc - Les Milliards d'Arsène Lupin, paru dans L'Auto, 1939.djvu/181

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« Tu n’étais pas inquiète ? »

Elle haussa les épaules en souriant.

« Oh ! toi, je sais bien que tu te tireras toujours de tout ! »

Ils soupèrent joyeusement. Puis il dit, à brûle-pourpoint et d’un ton grave :

« Vous savez, Patricia, tout est arrangé.

— Quoi ? Qu’est-ce qui est arrangé ? questionna-t-elle étonnée.

— Votre avenir. Nous avons causé, Junior et moi, avant que je le bâillonne. Après de longues discussions, nous nous sommes mis d’accord. »

Lupin se versa un verre de champagne.

« Eh bien, voilà : il vous épouse. »

Patricia tressaillit.

« Soit, mais moi je ne l’épouse pas, dit-elle sèchement. Comment avez-vous pu envisager cela ? Oui, je comprends, vous ne m’aimez pas ! »

Sa voix se brisait, ses yeux se noyaient de larmes. Elle reprit :

« Était-ce le dénouement que vous souhaitiez ? Mais je ne céderai pas ! Jamais !

— Il le faudra bien », déclara-t-il, les yeux fixés sur elle.

Elle haussa les épaules.

« Je suis libre d’accepter ou de refuser, il me semble.

— Non.

— Pourquoi ?

— Parce que vous avez un fils, Patricia. »

Elle tressaillit encore.

« Mon fils est à moi.

— À vous et à son père.

— J’en ai la garde, je l’ai élevé, il est à moi seule et jamais je ne consentirai à rendre Rodolphe. »

Lupin prononça avec mélancolie :

« Songez à votre avenir, Patricia ! Henry Mac Allermy désire divorcer pour vous épouser et reconnaître son enfant. Il léguera à Rodolphe un nom sans tache et une des plus grosses fortunes des États-unis. Puis-je en faire autant pour lui ? Notre récente expérience nous l’a prouvé, le contenu de mes coffres est en butte aux convoitises de mes ennemis. Échoueront-ils toujours dans leurs machinations ? »