Page:Leblanc - Les Milliards d'Arsène Lupin, paru dans L'Auto, 1939.djvu/19

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dont le dénouement pourrait lui être funeste. N’était-il pas sous le coup d’une menace précise ? Patricia ne devait-elle pas voir en ces paroles un avertissement dont il lui fallait tenir compte ? N’était-ce pas son devoir de veiller sur lui ? Mac Allermy et Fildes partaient en expédition nocturne, aucun doute à ce sujet. Donc, pour elle, nécessité d’agir.

Les deux amis marchaient sans tourner la tête en arrière. Bras dessus, bras dessous, ils discutaient avec animation. Mac Allermy tenait de sa main libre le portefeuille fauve à poignée de cuir, Frédéric Fildes jouait avec sa canne.

Ils marchèrent longtemps et gagnèrent des rues que Patricia, acharnée à sa poursuite secrète, n’avait jamais encore traversées et le long desquelles ils allaient eux, sans hésitation, comme si la route leur eût été familière.

Enfin, ils contournèrent une vaste place carrée, dont un des côtés était orné d’une colonnade, au-dessous de laquelle s’alignaient des boutiques, à cette heure closes de leurs volets contigus. Plusieurs de ces boutiques présentaient un aspect entièrement semblable, même disposition, mêmes dimensions, même décoration. Des portes les séparaient, donnant accès à des logements situés au-dessus.

Mac Allermy s’arrêta brusquement et ouvrit une de ces portes. Patricia, se postant à peu de distance dans l’ombre des arcades, entrevit les premières marches d’un escalier conduisant à l’entresol.

Mac Allermy, suivi de Frédéric Fildes, s’engagea dans l’escalier et la porte se referma. Le directeur de Allo-Police dut rester en haut à peine une minute, puis redescendre, car Patricia vit la boutique du rez-de-chaussée s’illuminer d’une clarté qui filtrait par l’étoile des trous, par quoi était percé le rideau de la devanture.

Il y eut quelques minutes de tranquille silence.

Dix heures sonnèrent. Presque aussitôt, deux