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Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/115

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Il se lançait aussi dans des phrases d’amour ampoulées qu’il n’achevait pas, ou bien se lamentait sur les rigueurs du sort.

— Hélas ! je me prépare beaucoup de chagrins. Tu es mariée, mère de famille, sans compter que tu peux m’oublier, en aimer un autre.

— Et toi, répondit-elle, toi qui voyages, ne céderas-tu pas aux occasions, à l’entraînement ?

Ils gémirent, s’accordèrent une grande tristesse, et se turent afin de la mieux savourer.

Des hauteurs boisées les entouraient. Le soleil disparut. Une voix d’homme chanta que scandait le bruit d’une cognée. Des terres de labour étalaient leurs rectangles. Un paysan les salua. Ils approchaient de Maromme, où ils devaient se séparer, et Richard, loquace maintenant, exposait ses plans d’avenir et promettait de changer sa position, si lucrative qu’elle fût, pour un métier qui lui permît de résider à Rouen.

— Je suis connu sur la place, j’ai l’habitude des affaires, la réussite est certaine, et — ajoutait-il finement — j’aurai un magasin à double entrée.

Il pérorait à tort et à travers, crevant de vanité auprès de sa maîtresse, et supputant le relief que lui vaudrait cette liaison.