Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/121

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brûlait. Puis d’innombrables petites bêtes m’ont attaqué ; une, deux, trois, cinq, dix, des douzaines de ces insectes maudits se sont acharnés après moi. Jusqu’au matin, je me suis retourné, trémoussé comme un pauvre diable. Aussi j’ai flanqué à l’aubergiste une de ces semonces dont il se rappellera.

« Allons, adieu, ma femme chérie, ma voiture m’attend. Je me fais une fête de m’y installer, de courir la campagne, en pensant à toi, dans cet espace où je t’ai eue, où tu t’es donnée à celui qui t’aime. Mon Dieu ! quel souvenir ! Ma plume tremble en traçant de telles lignes !

« Je vais faire Bolbec, le Havre, Dieppe, etc. Je serai de retour à Rouen vers le 30 courant, et j’espère bien rattraper le temps perdu.

» En attendant, je t’envoie un million de baisers.

« Ton amant pour la vie,
« Amédée Richard fils »

Lucie reçut encore une lettre, puis une autre, puis ce fut tout.

Elle ne le revit jamais.